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Bain rituel

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Selon la Tora, il existe deux types d’eaux convenables pour le bain rituel ou Mikveh : les eaux de source et les eaux de pluie.

La principale différence entre ces deux types de Mikveh est que le premier, à base d’eau de source, est kacher même lorsque l’eau est en mouvement, à l’instar de l’eau d’une source qui est naturellement en mouvement. Tandis que le second, à base d’eau de pluie, n’est kacher que lorsque l’eau du Mikveh est retenue dans un bassin étanche.

Dans la première catégorie entrent : les retenues naturelles d’eau de source, les mers, les lacs naturels, les fleuves et les rivières (lorsqu’ils ne sont pas en crue), les eaux de source souterraine ainsi que les eaux souterraines provenant d’un aquifère alimenté par une rivière (illustration).

Dans la seconde catégorie entrent : les étangs naturels formés d’eaux pluviales, les mares et autres bassins de rétentions d’eaux pluviales (lorsqu’elles ont une taille suffisante) ainsi que les nappes phréatiques souterraines alimentées par l’infiltration des eaux pluviales.

Dans tous les cas, les plans d’eau artificiels tels que les bassins, lacs et canaux artificiels ne sont pas acceptables pour le bain rituel.
 
Les Mikvaoth d’antan

Par le passé, seuls les différents plans d’eau naturels qui ont été cités étaient disponibles et servaient au le bain rituel. Ils comportaient tous certains inconvénients tant du point de vue pratique que du point de vue de la Halakha.

Leur localisation en extérieur ne garantissait aucune intimité et obligeait le plus souvent à ce que l’immersion se fasse précipitamment. Le risque étant de ne pas la faire convenablement et de remettre ainsi en question sa validité.

De plus, l’accès aux abords de ces plans d’eau était généralement souillé par de la glaise ou de la boue ce qui créait un risque de ‘Hatsitsa (corps étranger adhérant à la peau, ici, au niveau de la plante des pieds) qui rend impropre l’immersion.

Pour résoudre ces difficultés, le Talmud mentionne une initiative originale qui était de construire au bord du lit de la rivière une baraque en bois avec un plancher et de se tremper à l’intérieur.

Pour celles qui n’avaient accès qu’à des plans d’eaux pluviales stagnantes, les conditions d’hygiène étaient déplorables, notamment en période d’absence de précipitations.

Pour régler ces problèmes, en Europe, dans les siècles derniers, l’usage a été pris de bâtir le Mikveh à l’emplacement d’une source souterraine.

A proximité du fleuve ou à un endroit choisi, une bâtisse était construite dans laquelle l’on creusait une excavation jusqu’à atteindre une nappe aquifère alimentée par le fleuve ou une source souterraine.

Dans le premier cas, l’eau de la nappe remontait progressivement jusqu’au niveau du fleuve et remplissait l’excavation qui était aménagée pour servir de bassin d’immersion.

Dans le second cas, selon le bonheur de l’endroit choisi, il fallait descendre un nombre de marches plus ou moins grand pour accéder à la source souterraine qui servait de bassin (illustration).

Mais en Europe continentale et surtout en Europe du Nord, le problème majeur, notamment en hiver, restait la température glaciale de l’eau.

Ce n’est qu’à la fin du 18ème siècle que l’Admour haZakèn apporta une solution à ce problème. Il mit au point un Mikveh du type qu’il existait à son époque (relié à la nappe aquifère) selon une méthode révolutionnaire qui permettait de chauffer l’eau du bassin sans qu’elle ne soit immédiatement refroidie au contact de l’eau de la nappe.
 
Le Mikveh de l’Admour haZakèn

Le principe consistait à introduire dans l’excavation un caisson en bois construit spécialement, avec trou d’une certaine dimension dans son fond de façon à ce qu’il n’ait jamais un statut de contenant – kéli et qu’il ne rende pas impropre le Mikveh.

Le caisson était ensuite solidement fixé sur le fond et sur deux des parois de l’excavation et l’espace entre les deux autres parois et l’excavation était remblayé par de la terre.

Dès que l’eau de la nappe montait dans le caisson à un niveau suffisant (la quantité d’eau requise par la Tora pour constituer un Mikveh), il était permis de verser dans le caisson de l’eau chaude pour tempérer l’eau glacée de la nappe.

Pour éviter une déperdition trop rapide de la température en raison du trou du caisson, il a été préalablement prévu de fixer solidement au fond de l’excavation une pièce de bois qui venait au regard du trou pour l’obturer.

Pour limiter davantage la déperdition de température, l’Admour haZakèn suggère de verser de la chaux à l’emplacement du trou. Ainsi, lors de la montée progressive de l’eau de la nappe, la chaux, au contact de l’eau, durcissait et formait un véritable bouchon. Le Tsema’h Tsédek préconise, quant à lui, de fixer des chiffons dans le trou pour en améliorer l’étanchéité.

A tout moment, l’eau du caisson une fois souillée pouvait être retirée et remplacée par de la nouvelle eau montant de la nappe. Dans tous les cas, l’eau chaude ne devait être rajoutée que lorsque l’eau du bassin a atteint le niveau minimal pour constituer un Mikveh kacher.

Cette initiative de l’Admour haZakèn permettant l’utilisation de bains rituels avec de l’eau tempérée a été par la suite unanimement adoptée.

A la fin de sa vie, l’Admour haZakèn s’est exprimé en disant que cette innovation était l’un des plus grands accomplissements de son existence sur terre.
 
Les Mikvaoth en milieu urbain utilisant l’eau de pluie

Jusque là, tous les Mikvaoth construits utilisaient, soit l’eau d’une source souterraine, soit l’eau de l’aquifère à proximité d’un fleuve.

Dans le premier cas la contrainte était qu’il fallait souvent descendre de nombreuses marches pour accéder à la l’eau de source située en profondeur. Dans le deuxième cas, la contrainte était que l’emplacement ne correspondait souvent pas aux besoins de la communauté ni n’offrait de bonnes conditions d’hygiène et de sécurité.

L’utilisation des eaux pluviales n’avait jamais été envisagée car elle posait le problème d’un renouvellement aléatoire en fonction des précipitations ; ce qui ne permettait d’assurer des conditions d’hygiène acceptables.

Mais au début du 19ème siècle, avec la généralisation progressive des réseaux d’eau courante dans les villes, la possibilité était donnée de construire un Mikveh à n’importe quel emplacement, sans avoir besoin de creuser en profondeur à la recherche d’une source ou d’une nappe aquifère.

L’idée était de construire deux bassins côte à côte. L’un rempli d’eau de ville qui pourrait être renouvelée périodiquement, l’autre rempli d’eau de pluie et de relier les deux bassins de façon à rendre kacher l’eau du bassin d’eau de ville selon toutes les règles de la Halakha.

Deux méthodes ont été retenues par les décisionnaires de l’époque afin de rendre kacher un bassin d’eau de ville à l’aide d’un bassin d’eau de pluie.

La première, dite méthode de Hachaka, consiste à construire les deux bassins juxtaposés et de les relier par un trou (d’une dimension requise) dans le mur mitoyen. En maintenant fermé le trou de communication, le premier bassin est d’abord rempli d’eau de pluie. Le deuxième bassin est alors rempli d’eau de ville et la communication est ouverte permettant à l’eau de ville d’être kachérisée par ce contact ou Hachaka. Chaque fois que l’on veut changer l’eau du Mikveh l’opération est répétée : l’eau du bassin est vidangée et remplacée par une nouvelle tandis que le trou de communication est fermée. Lorsque la connexion est rétablie, la nouvelle eau du bassin est kachérisée au contact de l’eau de pluie située dans le bassin mitoyen (illustration).

La deuxième, dite méthode de Zériâ, utilise également deux bassins côte-à-côte. Le premier bassin est d’abord rempli d’eau de pluie. Puis de l’eau de ville est versée dans ce même bassin jusqu’à provoquer un débordement vers un deuxième bassin et le remplir. L’eau dans le deuxième bassin qui servira à l’immersion est alors considérée kachérisée (ou plutôt “encemencée”, d’où le terme de Zériâ) par son passage au travers de l’eau de pluie (illustration).

Jusque de nos jours, la plupart des Mikvaoth utilisent l’une de ces deux méthodes et le plus souvent les deux méthodes simultanément. C’est-à-dire que le bassin d’immersion est relié, d’un côté à un bassin d’eau de pluie sur le principe de Hachaka et de l’autre côté un autre bassin d’eau de pluie qui sert au remplissage du bassin d’immersion sur le principe de Zériâ (illustration).