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Le Rabbi Rachab qui vivait à l’époque de ces changements n’a jamais accepté ces nouvelles méthodes. Malgré les demandes répétées, il a toujours donné instruction à ses disciples de continuer d’utiliser les Mikvaoth utilisant l’eau de source.
La principale raison est que l’utilisation de ces nouveaux procédés élimine progressivement l’eau de pluie dans les bassins latéraux.
En effet, la teneur en eau de pluie dans le bassin de Zériâ diminue très rapidement au fil des renouvellements successifs de l’eau du bassin d’immersion. De même, la concentration en eau de pluie dans le bassin de Hachaka se réduit au fur et à mesure de l’utilisation du bassin d’immersion, à cause du déplacement de l’eau au travers du trou de connexion, de part et d’autre de la paroi mitoyenne.
Or, selon certains avis (certes, minoritaires), dès que l’eau de pluie se trouve en minorité, le Mikveh devient non conforme !
Le Mikveh du Rabbi Rachab à Rostov-sur-le-Don
En 1918, alors qu’il avait quitté la ville de Loubavitch et s’était installé dans la ville de Rostov-sur-le-Don, le Rabbi Rachab mit au point une méthode innovante pour résoudre ce problème. Celle-ci permettait de construire un Mikveh utilisant l’eau de pluie en garantissant l’intégrité des eaux de pluie dans le bassin. Elle répondait ainsi à la demande croissante de ceux qui souhaitaient bénéficier de la facilité que procurait l’utilisation des eaux de pluie.
Le principe de ce Mikveh consiste à construire deux bassins, non pas côte à côte mais superposés. Les deux bassins restent constamment connectés par un trou (à la dimension requise) dans la paroi horizontale mitoyenne. Le bassin inférieur est rempli à ras bord d’eau de pluie tandis que le bassin supérieur d’immersion est rempli d’eau de ville.
Dans cette configuration, les échanges entre l’eau de pluie du bassin inférieur et l’eau de ville du bassin d’immersion sont très limités. D’une part, parce que l’eau emprisonnée dans le bassin inférieur n’a de possibilité de se déplacer qu’au travers du trou de connexion et qu’à ce niveau elle est soumise à la pression de l’eau du bassin supérieur. D’autre part, à cause de la différence de température ; l’eau froide du bassin inférieur a tendance à rester au fond tandis que l’eau du bassin supérieur qui est chauffée a tendance à rester au dessus.
Les avantages du Mikveh à bassins superposés
Outre l’avantage majeur qui est d’éviter le mélange des eaux de pluie et des eaux du bassin d’immersion, le concept de bassins superposés comporte dans tous les domaines de nombreux autres avantages.
Du point de vue de la Halakha, voici quelques exemples :
- Dans un Mikveh traditionnel, lors du renouvellement de l’eau du bassin, le trou de connexion avec le bassin de Hachaka doit d’abord être bouché. Il faut ensuite faire attention à remplir le bassin jusqu’au dessus du niveau du trou puis retirer le bouchon et rétablir la connexion. Or, cette opération comporte un double risque, celui de ne pas remplir le bassin jusqu’au niveau du trou et celui d’oublier de reconnecter les deux bassins.
Dans un Mikveh à bassins superposés, ce risque n’existe pas puisqu’à tout moment, même lors du renouvellement de l’eau du bassin d’immersion, la connexion reste ouverte.
- Lorsqu’une personne se trempe dans le Mikveh, le niveau de l’eau du bassin monte et, en vertu du principe des vases communicants, provoque la montée du niveau de l’eau dans le bassin adjacent de hachaka. Ce déplacement d’eau est généralement considéré comme acceptable et ne contrevient pas à la règle qui veut que les eaux du Mikveh doivent être stagnantes. Mais selon certains décisionnaires ce déplacement est considéré comme une zé’hila, c’est-à-dire non conforme.
Dans le cas de bassins superposés, ce problème n’existe pas.
- Dans le cas de bassins côte à côte, la connexion (établie par le trou) entre le bassin d’immersion et le bassin adjacent de Hachaka permet seulement de kachériser l’eau du bassin d’immersion.
Dans le cas de bassins superposés il existe dans la Halakha de nombreux exemples qui prouvent que la connexion qui se fait de bas vers le haut (dans le sens de la gravité) est bien plus forte. Au point que, selon les propos du Rabbi, il est permis de les considérer, non pas comme deux bassins reliés entre eux mais comme un seul et même bassin. Ce qui signifie que se tremper dans un Mikveh à bassins superposés revient à se tremper dans le bassin même d’eau de pluie !
Concernant les avantages pratiques, citons :
- Gain de place lors de la construction (place pour un bassin au lieu de deux ou trois)
- Économies sur le coût de la construction (un bassin au lieu de deux ou trois)
- Propreté de l’eau du bassin d’immersion préservée (car il n’y a que très peu d’échange avec l’eau de pluie alors qu’elle devient progressivement souillée dans un bassin du type Hachaka)
- Économies de chauffage de l’eau du bassin (en raison du faible échange d’eau entre les bassins)
S’adressant à un Rav qui émettait des doutes sur la pertinence de construire un Mikveh sur le principe de bassins superposés, le Rabbi lui a déclaré :
« Tout celui qui possède une bonne compréhension des lois du Mikveh peut réaliser les nombreux avantages que présente un Mikveh composé de deux bassins superposés ! »